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 « Téhéran. »

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Rhett Hudson

Rhett Hudson


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MessageSujet: « Téhéran. »   « Téhéran. » EmptyDim 16 Sep - 16:23

001

L’avion eut du retard, évidemment. Rhett ne fut même pas surpris, ni déçu. Il s’attendait à ne pas quitter Bâton-Rouge à l’heure prévue, il aurait même probablement été terriblement déçu si ça n’avait pas été le cas. L’aviation avait beaucoup de défauts, mais pas celui de surprendre ses usagers par des horaires stricts et respectés. Rhett se contenta de se laisser glisser contre le mur, s’asseyant par terre. Il alluma son IPod et mit ses écouteurs dans ses oreilles. Il monta le son, ferma les yeux, et oublia qu’il était coincé dans cette ville qu’il détestait pour encore plus d’une heure. Son téléphone vibra dans sa poche, mais il n’y prêta pas attention, et ne décrocha pas. Vint finalement le moment de l’embarquement, et Rhett suivit les autres passagers à travers le corridor étroit qui les conduisit jusqu’à l’intérieur de l’avion. Sa place était à côté de celle d’une grosse dame odorante, et Rhett soupira. Encore un vol pénible, passé à se faire écraser par les débordements de chair d’une boule puante… Il se jura de ne plus jamais voyager jusqu’à Bâton-Rouge, mais se rappela qu’il avait déjà promis à ses parents de retourner les voir pour Noël. Ils avaient beau le mépriser, ils continuaient d’entretenir l’impression qu’il était toujours leur fils, même si ni l’un ni l’autre ne le considéraient plus comme tel depuis quelques années déjà. Peut-être voulaient-ils l’exhiber, lui qui avait réussi à dénicher un emploi bien payé et intéressant… Certes, il n’était pas médecin, mais c’était le seul des enfants Hudson à occuper un poste qui n’avait pas été pourvu par les connexions de papa ou les connaissances de maman. Lui, il avait su se débrouiller, il était parti loin du sud ensoleillé jusque là haut, à Brown, et puis à Baltimore, il s’était établi dans la « Rust-Belt » tout seul comme un grand. C’était à la fois la honte de la famille, et sa plus grande fierté. Mais personne ne lui disait jamais à quel point il avait bien réussi, comme on était contents pour lui. On l’ignorait, on lui demandait si le travail ça allait, on ne parlait jamais de sa vie sentimentale. Parfois, on abordait le sujet, mais avec des pincettes, on ne parlait que d’éventuelles « petites amies ». Et puis maman Hudson fondait en larmes, elle voulait des petits-enfants, elle ! Il fallait qu’il se marie, et bien. Rhett coupait toujours court à ces conversations, il allait s’enfermer dans ce qui avait été autrefois sa chambre, son sanctuaire, mais n’était à présent plus qu’une pièce vide sans rien d’autre qu’un vieux lit.

Diverti par ses pensées, Rhett ne vit pas le temps passer, peu importait les bourrelets de sa voisine qui débordaient de partout sur lui, ou son odeur de cadavre putréfié. Il en vint même à apprécier sa compagnie, de la même manière que l’on appréciait la compagnie d’un oncle alcoolique aux diners de famille, de temps à autre. Il la tolérait, plus qu’autre chose. L’avion se posa bientôt à l’aéroport, et tous les passagers en descendirent lentement, comme une longue procession d’éléphants chargés de bagages. Tous allèrent récupérer leurs bagages lourds dans l’aéroport, et Rhett les suivit. Il se rendit ensuite à l’extérieur de l’immense complexe, et héla un taxi, qui s’arrêta devant lui. Il lui demanda de l’emmener chez lui, à cette adresse désormais familière, qui était devenue une maison plus que celle qui avait été la sienne pendant dix-huit ans, en bas, à Bâton-Rouge. « 1003 Inner Harbour, s’il vous plait. » Le taxi s’ébranla et entra la circulation. « Me revoilà à Baltimore » songea Rhett. Il n’en était parti qu’une petite semaine, mais ses habitudes, les visages familiers et ses lieux fétiches, en étaient venus à lui manquer. Il s’était construit une vie, et s’était presque reconstruit. Parfois, il se surprenait à se sentir bien, lui qui avait toujours été un étranger de partout. Le taxi le tira de ses pensées en lui demandant d’où il venait. Rhett répondit sèchement : « Téhéran. »

La maison était vide. A en juger par la fine couche de poussière qui s’était déposée sur les meubles, elle l’avait été de nombreux jours. Son colocataire n’avait pas dû rentrer depuis fort longtemps. Rhett referma la grande porte d’entrée derrière lui et alla ouvrir celle de la véranda, laissant ainsi rentrer dans la maison un peu d’air frais en provenance de l’extérieur. Il faisait encore beau pour un mois de septembre, même si le soleil commençait à se coucher de plus en plus tôt : il était dix-sept heures à peine, mais le ciel s’était déjà coloré d’orange. Rhett laissa ses valises dans le salon et descendit dans la cuisine. Il ouvrit le frigo, et en sortit un morceau de fromage français qu’il avala en un rien de temps. Il était affamé. Qu’il était bon d’être de retour chez soi.
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Dernière édition par Rhett Hudson le Mer 19 Sep - 18:53, édité 1 fois
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Felix Scavo

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MessageSujet: Re: « Téhéran. »   « Téhéran. » EmptyMar 18 Sep - 18:27

Felix se demandait ce qu’elle fichait là, à une heure pareille. Elle aurait dû être chez elle. Ou ailleurs. Mais pas ici à regarder une fois de plus la vie poursuivre son cours sans elle. Où qu’elle aille, elle avait le sentiment de ne pas être à sa place. À cet endroit plus qu’ailleurs, ou presque. Il n’y avait qu’un autre lieu qui lui donnait le sentiment de ne pas exister. Mais celui-ci arrivait directement en seconde position. Elle fixait la demeure familiale depuis un point éloigné, à l’abri des regards. Dissimulée par la devanture d’une petite épicerie, elle observait la maison qui l’avait vue grandir. Elle s’élevait sur deux étages mais semblait si délabrée qu’au moindre coup de vent, elle allait s’effondrer avec tous ses occupants à l’intérieur. Combien de ses frères et sœurs pouvait-il rester ? Trois ? Peut-être quatre. À moins que sa mère n’aie trouvé un nouveau jules et qu’il ait amené avec lui sa propre marmaille. C’était déjà arrivé, quand elle avait douze ans. Le compagnon de sa mère était venu s’installer chez eux avec ses trois garçons. Entre les Scavo et les O’Reilly, ça avait été la guerre. Jusqu’à ce que l’amoureux trompe sa mère et qu’elle le mette à la porte. Ou bien avait-il simplement fait ses valises et avait-il disparu dans la nature sans plus d’explication ? Felix ne s’en souvenait pas. Il y avait eu trop de passage pour qu’elle puisse dénombrer le nombre de beaux-pères potentiels elle avait pu avoir sur sa vingtaine d’années d’existence sur cette planète. Elle ne regrettait aucunement son départ, sa décision avait été mûrement réfléchie et quand elle avait emballé ses quelques effets personnels à son tour, elle l’avait fait sans un regard en arrière. Parfois, il lui arrivait de se demander si on avait seulement remarqué son départ. Parfois, elle n’arrivait pas à résister et prenait le bus jusqu’à ce quartier d’enfance pour contempler les vestiges de son innocence. Qu’attendait-elle de cette visite inutile ? Elle ne le savait même plus. Elle en avait juste besoin. Pour se rappeler pourquoi elle était partie, peut-être. Ou simplement pour retrouver le courage d’affronter son avenir sans le poids conséquent d’une famille trop nombreuse sur ses épaules.
Un grincement la tira de ses pensées et elle fit un pas en arrière, par instinct. La porte d’entrée de la maison s’ouvrit pour laisser apparaitre un adolescent à la haute stature et aux larges épaules qui tenait un gant de baseball sous le bras. Il fut bousculé par un autre garçon, légèrement plus petit, mais plus vif, celui-là. Felix peina à reconnaitre ses frères. Ils étaient si petits quand elle les avait quittés et maintenant ils avaient de longues jambes et un duvet ridicule sous le nez. Ils ne l’avaient pas vue et ils ne l’auraient certainement pas reconnue mais elle se dissimula derrière un panneau, juste pour en être certaine. Elle les observa alors qu’ils s’éloignaient en direction du terrain de basket désaffecté et soupira lorsqu’ils disparurent de son champ de vision. Elle réalisa qu’elle avait les paumes moites et le cœur qui battait à une allure folle. Pourquoi s’infligeait-elle un tel retour en arrière ? Elle n’avait pas besoin de raviver les souvenirs douloureux. Rageant contre elle-même, elle tourna les talons et s’en alla, espérant mettre autant de distance que possible entre elle et son passé, et comme elle n’allait pas assez vite encore, elle accéléra le pas et finit par courir à toute haleine pour retrouver la sécurité de l’autre bout de la ville.

Son voyage improvisé ne lui avait pourtant donné aucune envie de se retrouver seule et après avoir composé le numéro de Trevor et être tombée sur sa boite vocale, Felix se laissa tomber sur un coin de trottoir, éreintée par sa course et épuisée moralement. Elle aurait voulu avoir une quantité folle d’amis chez qui se réfugier mais les quelques noms qui lui venaient à l’esprit ne lui inspiraient pas confiance et les autres étaient des collègues de bureau qu’elle ne se voyait pas importuner parce qu’elle était en mal de compagnie. Seul Trevor l’aurait accueillie à bras ouverts et l’aurait écoutée s’emporter. Il aurait trouvé les mots pour apaiser ses maux et elle aurait fini par s’endormir chez lui. Un coup de klaxon nerveux lui fit redresser la tête et elle vit un livreur de pizza se faufiler entre les voitures et poursuivre sa course comme un électron libre. Les yeux verts de la demoiselle tombèrent alors sur l’enseigne clignotante de la pizzeria et une idée lui traversa l’esprit. Oubliant sa détresse, elle quitta son poste et traversa la rue pour aller commander deux énormes pizzas.

Parvenue dans Inner Harbor, Felix chercha une maison en particulier et finit par s’arrêter devant celle-ci. Il y avait de forte chance que l’occupant soit absent ou occupé mais Felix avait les pizzas en équilibre sur une main. Elle les avait achetées sur un coup de tête et pouvait difficilement aller les rendre pour se faire rembourser. Alors il valait mieux tenter le tout pour le tout et c’est donc après avoir pris une brève inspiration qu’elle porta son téléphone à son oreille et écouta les sonneries étirer les secondes tout en fixant la façade de la maison silencieuse. Ce n’est qu’en entendant le son familier de la voix masculine qu’elle lança sur un ton qui se voulait enjoué : « Hey ! Je sais qu’il est tôt mais… est-ce que tu as faim ? » Son cœur battait la chamade. Il lui arrivait si rarement de se montrer aussi spontanée qu’elle craignait qu’il la remballe, en admettant qu’il reconnaisse sa voix, évidemment. « Si oui, il y a de la pizza toute chaude juste devant chez toi » ajouta-t-elle comme pour finir de le convaincre.

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Rhett Hudson

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MessageSujet: Re: « Téhéran. »   « Téhéran. » EmptyMer 19 Sep - 20:05

Le fromage englouti, Rhett remonta au rez-de-chaussée, et se laissa tomber mollement dans son canapé. Il attrapa la télécommande, posée de façon tout à fait commode sur la table basse devant lui, enleva ses chaussures et ses chaussettes et s’allongea sur le canapé. Il appuya sur la télécommande, et le téléviseur s’alluma sur deux hommes en train de s’embrasser passionnément. Queer As Folk, évidemment. Rhett avait presque oublié qu’il vivait avec un colocataire plus gay que l’enfant de Madonna et Elton John, et il se contenta de remercier le ciel de ne pas être tombé sur un des nombreux films pornographiques qui hantaient parfois le lecteur DVD de la maison. Rhett était soulagé d’être de retour chez lui, installé dans son salon, et il était plutôt heureux que son colocataire ne soit pas là. Il avait enfin la chance de se retrouver seul à seul avec lui-même. Alors qu’il reportait son attention sur l’épisode de Queer As Folk, Rhett sentit son téléphone vibrer à l’intérieur de la poche de son pantalon. Il soupira, puis le sortit. Il s’agissait d’un message de son grand frère, Reid, qui lui demandait s’il pouvait passer chez lui dans la soirée afin de lui emprunter quelques paires de chaussettes, puisqu’il avait oublié toutes les siennes chez leurs parents. Rhett s’exclama : « Putain de merde ! » avant de répondre sèchement : « Pas chez moi. Plan cul. VA T’EN ACHETER AVEC TA PAIE MIROBOLANTE D’AVOCAT. xx » Il déposa le téléphone par terre et tenta de se concentrer sur ce qui se passait à l’écran, mais son téléphone vibra une seconde fois. Il s’agissait de nouveau de son frère, qui lui répondait « Sympa. » Rhett sourit, heureux d’avoir réussi à mettre Reid sur les nerfs, il ne méritait après tout que ça. Lui emprunter des paires de chaussettes… Et quoi encore ? Pourquoi pas ses préservatifs aussi ? Rhett secoua la tête, et ne prit pas la peine de répondre. Il n’y avait de toute façon rien à répondre. Leur échange aurait tourné de nouveau à la dispute et au combat à mort, comme c’était le cas à chaque fois qu’ils essayaient d’avoir une conversation de plus de dix mots, et Rhett n’était pas d’humeur. Il n’allait pas laisser ces fichus Hudson et leurs caractère profondément dysfonctionnels gâcher son retour à la civilisation, à l’indépendance, et au bien-être. Qu’ils l’oublient, car lui allait les oublier, les laisser glisser lentement hors des limites de son esprits, puis au delà des frontières de son espace personnel, et puis ils ne seraient plus rien, en tout cas pour ce soir, le temps qu’il se réinstalle, et se réapproprie sa vie et sa maison. La soirée serait douce. Mais cet épisode de Queer As Folk ne parvenait pas à l’intéresser.

Rhett savait ce qu’il fallait faire, et qui il fallait contacter. Il se saisit de son téléphone, chercha le nom dans son répertoire, et composa le numéro. Il fut malheureusement envoyé sur messagerie. « Allô ? Décroche, c’est Rhett à l’appareil, c’est urgent… En quelque sorte. Rappelle-moi. J’ai besoin de savoir où tu ranges ta collection de pornos… » Il raccrocha et ferma les yeux. En fond, il entendait encore les dialogues ineptes débités par les acteurs de la série, mais il n’y prêtait plus attention, il n’essayait même plus. Il se contenta de somnoler, en attendant le coup de téléphone de son colocataire. Il jouait négligemment avec son téléphone, les yeux toujours fermés, laissant son esprit vagabonder d’endroits en endroits sans le retenir nul part. Tout à coup, il sentit le téléphone vibrer entre ses doigts, et il y jeta un œil. Il ne s’agissait pas de son colocataire, mais le nom qui s’affichait alors sut l’écran lui était familier. Et le message qu’il venait de recevoir dessina sur ses lèvres un grand sourire satisfait. « Je peux passer ? J’ai un cadeau de ‘bon retour’ pour toi. » Rhett se releva avec intérêt et répondit immédiatement : « Passe. » Il se leva du canapé avec énergie, laissa tomber son téléphone par terre et se précipita au premier étage, puis dans la salle de bains. Un long voyage en avion, les files des attentes dans les aéroports et les taxis vous laissaient rarement propre et inodore. Il entra dans la vieille baignoire, et se frotta intégralement le corps. Savon, shampoing, soin gommant, lait pour la peau… la fille qu’était Rhett fut bientôt propre de la tête aux pieds, et il put sortir de la baignoire. Il se séchait lorsqu’il entendit son téléphone sonner. Il enfila rapidement un peignoir et descendit à toute allure dans le salon. Sur l’écran de son téléphone s’était affiché un nom qui lui était vaguement familier, Felix Scavo. Il lui fallut quelques fractions de seconde pour remettre un visage sur ce nom, et il décrocha. A l’autre bout du fil, une voix féminine lui proposa une pizza. Rhett hésita quelques secondes, et la jeune femme en profita pour ajouter que ladite pizza se trouvait devant chez lui. Etonné et peu habitué aux surprises de ce genre, Rhett se dirigea vers la porte d’entrée, qu’il ouvrit doucement. Effectivement, au pied des marches menant au perron, se tenaient Felix Scavo et sa pizza. Rhett éclata de rire et raccrocha. « Felix, ça alors ! » Il lui sourit et lui fit signe d’entrer. « Viens, ne reste pas dehors… Surtout parce que je suis à moitié nu… » Felix entra dans la maison, et il la guida jusqu’au canapé. « C’est très gentil à toi d’être passée, surtout aussi bien accompagnée. » A la télévision, les héros de Queer As Folk avaient arrêté de s’embrasser mais avaient attaqué les choses sérieuses. Rhett sourit et chercha des yeux la télécommande, pour quelques secondes seulement, car quelque chose d’autre vint le distraire. Une odeur si délicieuse de pizza, la pate encore fumante dont les effluves parvenaient jusqu’aux narines de Rhett. Son estomac gargouilla férocement, lui rappelant qu’il avait faim… « Tu tombes vraiment à pic, je viens de rentrer et je meurs littéralement de faim. »
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Felix Scavo

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MessageSujet: Re: « Téhéran. »   « Téhéran. » EmptyDim 30 Sep - 20:08

Felix détestait s’imposer mais ce soir était un cas de force majeure. À défaut d’avoir son meilleur ami chez qui elle désirait tant se réfugier, elle avait jeté son dévolu sur un autre garçon avec qui elle se sentait à l’aise. Elle n’avait aucune intention d’aller pleurer sur son épaule mais sa seule présence aurait au moins un effet bénéfique sur la détresse que la jeune femme ressentait. Cette solitude lui pesait, contrairement aux autres jours où elle était plutôt salvatrice. Elle ne comptait pas s’étendre sur le désastre qu’avait été sa vie familiale. Quel besoin, en effet, de revenir sur ces années de calvaire quand elle n’avait plus à retourner dans son ancienne demeure ? Elle vivait comme bon lui semblait et seule sa faiblesse la conduisait parfois à faire quelques écarts de conduites. Elle n’avait rien à gagner à retourner dans son quartier d’enfance. Elle savait pertinemment qu’elle n’y trouverait aucun réconfort, que rien ne pourrait faire disparaitre son adolescence et le mal être qui l’avait caractérisée durant toutes ces années. Elle ne savait même pas ce qu’elle attendait exactement de retour en arrière mais une chose était certaine, rien de bon n’en ressortait. La preuve : encore une fois, elle s’était fait prendre au piège et avait fui, pour la centième fois, un monde qu’elle était censée avoir abandonné dans son sillage. Elle devait avoir un sérieux problème pour être incapable de couper le cordon ombilical qui la rattachait sa jeunesse. Felix n’avait pourtant aucune envie de renouer avec quiconque, pas même sa sœur jumelle, auprès de qui elle aurait pourtant dû se sentir complète. Au lieu de quoi, elle avait tenté d’enterrer cette part d’elle-même. En vain. À quoi bon se fatiguer, se disait-elle souvent, quand le trajet qui menait de son appartement à son ancien foyer était aussi long et pénible moralement que physiquement ? Que cherchait-elle au juste ? À s’assurer qu’elle avait fait le bon choix ? Qu’elle avait ‘sauvé sa peau’ en prenant son indépendance ? Qu’elle n’avait rien à regretter ? Tant de questions qui lui semblaient évidentes et idiotes mais qu’elle ne pouvait s’empêcher de se poser. Pensaient-ils parfois à elle ? S’inquiétaient-ils ou étaient-ils ravis de son départ ? Il ne faisait aucun doute que sa chambre avait rapidement dû être réquisitionnée, il n’y avait jamais trop de place dans la maisonnée mais leur manquait-elle un minimum ? À en croire ce qu’elle avait vu grâce à ses escapades, elle n’en était pas certaine. C’était même comme si elle n’avait jamais existé et c’était peut-être ça le plus douloureux.
Ce soir, elle voulait donc avoir le sentiment d’exister et ce n’était pas en se cloitrant chez elle qu’elle y parviendrait. Et si Rhett était occupé ou absent, elle chercherait ailleurs, même si elle ne savait pas trop vers qui se tourner ensuite. Trevor avait toujours été et serait toujours d’ailleurs son premier choix mais elle savait qu’il avait sa propre vie et quand il n’avait pas de temps à lui accorder, vers qui pouvait-elle se tourner ensuite ? C’était ce manque de ressource qui la désolait. Il était temps qu’elle crée des liens un peu plus profonds avec les gens qu’elle côtoyait et si elle devait admettre que se pointer avec une pizza n’était peut-être pas la meilleure façon de faire, c’était la seule qui lui était venue à l’esprit. Il y avait bien un homme mais elle avait le pressentiment qu’au lieu de la faire se sentir mieux, ce serait le contraire qui se produirait si elle se réfugiait entre ses bras. Lui aussi avait d’autres chats à fouetter et d’autres préoccupations et, surtout, une femme à rejoindre. Repoussant cette pensée déprimante, Felix tâcha de calmer les battements fous de son cœur en prenant une profonde inspiration. En voyant la porte s’ouvrir enfin, la jeune femme esquissa un sourire incertain qui, elle l’espérait, passerait pour chaleureux auprès de quelqu’un qui ne la connaissait pas suffisamment bien. Elle éleva un peu plus le carton comme pour prouver sa bonne foi et se dandina légèrement, sentant le malaise poindre sans qu’elle ne parvienne à le réprimer, ayant toujours eu des difficultés à contrôler ses sentiments. Elle grimpa les marches sans se faire prier et soupira distraitement de soulagement, un poids conséquent s’étant soudainement envolé, libérant son souffle. « Merci, j’avais un peu peur que tu sois occupé… Je ne dérange pas, au moins ? » s’enquit-elle en pénétrant dans la demeure de son collègue. Si c’était le cas, elle serait probablement mortifiée mais elle pouvait difficilement faire marche arrière. Sa spontanéité avait payé, elle n’avait plus qu’à assumer sa témérité. Elle était si soulagée, d’ailleurs, qu’elle ne prêta pas attention à ladite semi-nudité de Rhett. Si ça avait été le cas, il y a de fortes chances qu’elle aurait trouvé le moyen de prendre ses jambes à son cou. « Tu es certain que je ne dérange pas, hein ? Je n’avais pas envie d’être seule alors comme je me suis dit qu’on avait au moins ça en commun, cela excuserait ma venue… » Par ‘ça’, elle entendait leur goût pour la nourriture. Adepte des pizzas et autres plats préparés, Felix n’avait pu que remarquer qu’elle n’était pas la seule. Posant les pizzas sur la table de salon, elle ne remarqua même pas ce qui s’animait sur l’écran de télévision, trop occupée qu’elle était à libérer leur délicieux repas improvisé. « Ah bon, tu étais où ? » demanda-t-elle spontanément avant de se rattraper, ne voulant pas outrepasser ses droits d’invité inopinée : « Enfin, sauf si c’est personnel et que cela ne me regarde en aucun cas… » Elle dissimula son malaise derrière une bouchée quand elle mordit avidement dans la part qu’elle s’était servie, veillant à ne pas en mettre partout. Son regard fut alors attiré par les deux corps qui se caressaient avec une sensualité virile à l’écran. Elle fixa un instant les corps dénudés puis reporta son attention sur son hôte. L’idée qu’elle ait pu interrompre Rhett lui vint alors à l’esprit et elle jeta un coup d’œil autour d’elle, comme si elle cherchait la (ou le) partenaire qui se dissimulait, lui aussi à moitié nu, derrière un canapé ou dans un recoin sombre, derrière une armoire. « Tu avais des plans pour ce soir, peut-être ? » Elle ne savait pas trop pourquoi elle employait la forme imparfaite. Peut-être pour se protéger de la réponse, tout simplement.
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